Ça dépend !

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Si vous avez déjà échangé ou travaillé avec un·e UX designer, c’est certainement la réponse que vous avez le plus entendu : “ça dépend”.

Une réponse qui peut s'avérer agaçante !

Est-ce qu’il faut mettre un slider ou un carrousel ? Mon menu burger sera-il compris de mes utilisateurs ? Dans quel ordre doit-on faire figurer les options de livraison ? Doit-on demander l’adresse mail de l’utilisateur à cette étape ou plus tard dans son parcours d’achat ?

"Ça dépend !”

Lorsqu’on attend une information précise et tranchée, cette réponse peut s’avérer frustrante et donner le sentiment que l’interlocuteur botte en touche.

Pourtant il n’en est rien ! Loin d’être une échappatoire ou un gimmick d’UX designer, elle est tout à fait justifiée dans notre domaine d'activité car l’UX est, entre autres, affaire de contexte !

La recette magique en UX

…n’existe pas ! Malgré ce que souhaitent certains clients ou collaborateurs, il n’existe pas de grande “Bible de l’UX” dans laquelle sont inscrites les réponses aux questions que tout un chacun peut se poser sur son interface pour lui permettre de mieux convertir ou d’offrir une navigation plus fluide. Il n’y a pas de règles générales et immuables, de grands principes qui fonctionnent indéniablement pour chaque cas de figure.

Il y a des bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves, oui. Grâce à des études comportementales, grâce aux neurosciences, à la psychologie, etc, on a pu définir des habitudes, des comportements communs. 

Nous mettons plus de temps à traiter deux informations contradictoires que concordantes.

L'effet Stroop

Nous avons plus de facilité à atteindre une cible plus elle est grande et proche de nous. Nous rencontrons les limites de notre mémoire à court termes lorsque confrontés à trop d’informations au même niveau. etc

Ces exemples sont autant de points communs entre des groupes d’individus.

Pour autant, ils ne sont pas exempts d’exceptions et surtout ils ne définissent pas à eux seuls les comportements des individus. Beaucoup de choses nous différencient et influencent notre comportement : notre éducation, l’environnement dans lequel on évolue, les expériences que l’on a vécues, notre tempérament, etc. En somme, tout ce qui fait de nous l’utilisateur que l’on est !

Partant de ce constat, malgré des principes et bonnes pratiques souvent corrects, il y a toujours des cas particuliers.

Une solution s’avèrera efficace pour un cas de figure et désastreuse pour un autre.

Il est donc important de revenir systématiquement aux 3 piliers que sont : 

  • qui sont nos utilisateurs ?
  • quels sont nos objectifs ?
  • dans quel environnement allons-nous intervenir ? (situation d’usage, support numérique, etc).

Burger or not burger ?

Nous voyons de plus en plus d’interfaces desktop dans lesquelles le menu est enfermé dans une icône burger. 

Cette pratique, largement répandue sur mobile, a l’avantage d’alléger visuellement le header d’un site et d’obtenir ainsi une interface plus épurée et potentiellement graphique.

bud website

Mais cela présente un inconvénient de taille : à son arrivée sur le site, l’utilisateur est privé de l’aperçu qu’offre le menu sur les différents contenus accessibles sur l’interface; tout du moins, pas sans faire l’effort de cliquer sur l'icône burger, si tant est que cette dernière soit suffisamment visible et contrastée pour être identifiable.

Partant du principe que le contenu prime sur l’esthétique, nous serions tentés d’établir la règle suivante : s’il s’agit d’une interface desktop, ne souffrant pas des contraintes d’espaces que présente le mobile, alors le menu doit être visible dans son intégralité et n’est pas “caché” dans une icône burger.

Mais là encore…ça dépend !

Quel est l’objectif de l’interface ? Quelles sont les informations qui y figurent et leur priorisation ? 

Si l’essentiel de notre message est contenu sur la landing page de l’utilisateur, et que seules des informations secondaires/complémentaires apparaissent dans le menu, alors il est préférable de les regrouper dans un burger, pour ne pas détourner l’attention de notre utilisateur de l’objectif principal du site, accessible directement sur la page d’accueil.

Le remède aux hypothèses

L’avantage de la réponse “ça dépend”, c’est qu’elle est systématiquement suivie d’autres questions : quel problème essaye-t-on de résoudre ? à qui s’adresse-ton ? avec quel(s) objectif(s) ?, etc.

Ces questionnements permettent d’identifier plus précisément et de comprendre le contexte de l’interface.

Lorsque ces derniers ne sont pas posés, le risque est, non pas de formuler des hypothèses, mais de s’y arrêter. 
En agissant ainsi, on avance à l’aveuglette sans jamais confirmer ou infirmer nos intuitions par une réalité terrain. 
Pire, on base ces hypothèses sur nos propres opinions et convictions sans jamais les remettre en question.

Or, que l’on soit product manager, designer ou développeur, nous ne sommes pas les utilisateurs. Nous en sommes parfois un, mais notre comportement, nos réflexes, nos convictions ne sont pas forcément les mêmes que ceux des autres.

Il est alors nécessaire de se confronter aux utilisateurs finaux par un travail de recherche. 

Ce dernier peut prendre plusieurs formes, isolées ou complémentaires, quantitatives ou qualitatives : sondage, analyses de statistiques, entretiens, focus groups, tests utilisateurs, immersion, AB testing, etc

Car c’est uniquement en connaissant nos utilisateurs, leurs besoins, leurs attentes, leurs contraintes, leurs situations d’usages, que l’on sera en capacité de concevoir une interface qui leur procurera une expérience de qualité.

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